vendredi 9 mai 2014

Les autres face à moi [part I]

Dans le 1er article "La découverte" je parlais de ma boss et de sa réaction inattendue quand je lui ai annoncé que je ne retournerais pas bosser pour les raisons que vous connaissez.
Figurez-vous que les choses sont devenues de plus en plus étranges...

Après avoir fait ma biopsie fin novembre, je ne suis pas allé bosser. Je suis donc allais voir mon médecin traitant pour me faire un arrêt de travail. Je n'étais pas dans mon assiette et pas en mesure de retourner au bureau dans ces circonstances, ce qui avait quelque peu perturbé ma boss. Je lui envoie donc l’arrêt en question (par mail) avec quelques heures de retards je l'admets, mais ce n'est pas sans vous cacher harcèlement par textos qu'elle m'a faite pour que je lui envoie le document. Ce que je peux comprendre... ou pas.

Ça fait à peu prés 5 ans que je bosse pour la même boite, une petite structure de 3 employés et les relations que j'ai entretenu avec ma boss et mes collègues ont toujours été cordiales et respectueuses... voir plus car nous nous entendions assez bien.

C'est pourquoi je me pose quelques questions à son propos.
Suite à l'annonce de ma maladie, ma responsable ne m'a jamais appelé. Au début, elle répondait à mes mails de manière froide et désintéressée, mais au bout de quelques jours elle ne se donnait plus cette peine. Même lorsque ça concernait les documents liées à mon arrêt (attestation de travail...) ou fiche de paie et salaire, elle ne me répondait pas. Pourquoi ?
Jusqu’à aujourd'hui je n'ai pas la réponse. J'ai donc pris la peine de lui envoyer un mail d'explication sans oublier de le mettre en copie à mon président pour que les choses soit claires. Je n'ai pas l'habitude de communiquer ainsi, quand quelque chose ne va pas, je veux qu'on me le dise et de manière explicite. C'est ainsi qu'elle s'est manifestée en me donnant des nouvelles de la boite et en me signalant à la fin qu'elle attendait que je l'a contacte par téléphone pour lui donner de mes nouvelles... euh... oui c'est une idée... mais madame j'ai bien d'autres préoccupations !


Lorsque j'ai lu ces 2 phrases, un sentiment de dégoût m'a envahi. Était-elle sérieuse ? sur le coup je l'ai trouvé puérile et immature, puis lorsque j'ai réfléchi un peu plus, je l'ai trouvé sans cœur et égoïste.
Peut-être que mes sentiments se sont amplifiés dû à mon état psychologique, allez savoir ? mais je m'attendais à plus d'humanité de sa part. Mince alors! sa jeune collègue se détecte un cancer et elle ne prend pas la peine de savoir comment elle va ?! pardonnez ma réaction mais je trouve ça intolérable, on ne parle pas d'un rhume !

Mais ma surprise n'allais pas s’arrêter là... pour le mois de novembre, elle m’envoie un mail pour m'annoncer que je vais recevoir ma fiche de paie et mon salaire. Ok c'est sympa de me prévenir, mais lorsque que je lis le mail en entier, je m'aperçois qu'elle voulait juste m'informer qu'elle allait me payer le mois de novembre moins 4 jours car elle n'avait toujours pas reçu mon arrêt de travail par courrier... c'est pathétique... sur le coup je n'ai pas trouvé d'autre mot.
Parce qu’elle n'a pas reçu mon arrêt par courrier (je lui avais envoyé par mail) elle me sucre 4 jours de salaire ?... je n'ai pas de mots pour décrire une telle attitude. Je ne sais même pas si son truc est légal ?! enfin je m'en moque car je n'ai plus envie d'avoir à faire à elle. 

Je suis déçue et peinée car j'aimais mon travail, j'y ai passé de très bons moments en apprenant pleins de choses. J'ai également rencontré pas mal de personnes intéressantes qui m'ont beaucoup appris. Elle faisait partie de ces personnes, j'admirais beaucoup son professionnalisme. Sauf qu'aujourd'hui les choses sont différentes, je suis différente et comme je l'ai dit à mes proches et mes amies, celui qui n'est pas là pendant ma maladie ne sera jamais là pour moi. Mais ici on parle d'employeur et de collègue, je ne prétend pas vouloir autant d'attention de leur part mais le stricte minimum humain... un peu de compassion. Si je n'ai pas le droit à cela, je refuse de continuer à entretenir quelconque relation avec eux et préfère me concentrer sur ma guérison.

Quelques jours plus tard, je reçois un mail de mon président. Il est triste de ce qui m'arrive et m'offre son soutien... par quelques mots et c'est suffisant. Je suis heureuse d'avoir une réaction positive de sa part et je n'ai pas besoin de plus. Car en soit, ils ne sont pas obligés de réagir, parfois certaines personnes ont peur, d'autres n'osent pas... je peux le comprendre, mais je n'ai plus envie de me soucier de la réaction des autres car j'ai une longue route à franchir, semée d'embûches et mes préoccupations sont grandes.

mercredi 7 mai 2014

Angoisses et annonces bouleversantes

Début décembre, mes épaules sont lourdes et j'ai l'impression que mon monde est en train de s'écrouler...

La nouvelle a été dure à encaisser, tant pour mes proches que pour moi. Je n'ai jamais eu de problèmes de santé, vous allez me dire je suis encore jeune... mais j'ai toujours eu cette impression que mon corps était robuste et sain. C'est vrai que je fais très attention à ce que je mange et ça depuis que je suis toute petite. Mes parents nous ont habitué à consommer des produits bio et frais que mon père cultive dans son jardin depuis toujours et c'est imprimé en moi. Ma mère quant à elle, nous prépare tous les jours un repas équilibré accompagné de légumes obligatoirement, jamais gras et toujours en quantité raisonnable.

Tout ça pour vous dire que j'ai cherché le coupable de ma maladie, cette erreur ou cette faille que j'ai laissé passer qui a fait que cette bille se forme en moi. En réalité, ça relevé de la torture pour l’esprit et pour le moral. Se poser sans les mêmes questions: qu'est ce qui cloche chez moi ? qu'est-ce que j'ai pu faire pour attraper un cancer ? serais-ce mon alimentation ? les produits de beauté que j'utilise ? ou le manque d'activité physique ? des tas de questions qui s’emmêlent aux doutes que j'avais déjà et qui mon grillées le cerveau !
Je me suis donc faite à l'idée que ce cancer était là et que toutes ces questions ne m'aideraient certainement pas à aller mieux. J'ai planqué mes doutes dans une partie de mon esprit et j'ai commencé mes traitements.

3 jours après l'annonce de mes résultats, je me rends à mon rdv avec le Dr P. mon chirurgien. Je sais qu'elle sait et qu'elle va me donner une date pour mon opération. Je décide de partir seule à ce rdv malgré l'insistance de mes proches car je veux pleurer en paix et ne pas devoir consoler ce qui pourront pleurer avec moi.
Le Dr P. me reçoit, elle est toujours aussi souriante mais moins que la dernière fois.

- Bonjour A. , comment allez-vous ?

- Bonjour, ça ne va pas... vous avez eu les résultats ? elle me regarde attristée.

- Oui le Dr. André me les a transmis et il faut qu'on parle de vos traitements.
Je reste calme et l'écoute attentivement.

- Nous allons procéder à une ablation partielle de votre sein, c'est à dire que nous allons juste incisé pour extraire la tumeur et les ganglions sentinelles pour les analyser.

- Vous allez aussi enlever les ganglions ?
 Elle me montre un schéma sur son son bureau pour que je comprenne exactement en quoi consiste toute l’intervention.

- En fait, nous allons voir en fonction des résultats que vont donner les ganglions sentinelles, ceux susceptibles de nous informer de l'expansion des cellules cancéreuses vers la chaîne ganglionnaire. Si les ganglions sentinelles sont touchés, nous allons devoir procéder à un curage axillaire et vous enlever toute la chaîne ganglionnaire.

Le schéma semble très clair et je sais exactement ce que c'est, vu que maman a subi la même chose. Ça aide malgré tout à comprendre plus vite, c'est le bon coté des choses...



- Je vais vous donner une date toute suite... (elle regarde son agenda)... le 19 décembre ?! vous resterez au moins 3 jours si tout ce passe bien.

- Oui ça me va. Je ne pose pas plus de questions car je connais le protocole.

- Bien, maintenant je voudrais vous parler de la suite de vos traitements... Je la regarde attentivement car c'est ce que je redoute le plus, la chimio, le taxotére... non pitié, tout mais pas ce traitement.
Vous allez faire de la chimiothérapie, !BOUMM! , de la radiothérapie, des injections d'herceptin qui diminuent les chances de récidives et enfin de l'hormonothérapie !BOUMM!.

Je suis dégoûté, je m'étais accroché à ce que le Dr. André m'avait dit "vous ne ferez peut-être que de la radiothérapie car votre cancer n'est pas très développé" et quelle erreur j'ai commise ! C'était le petit espoir que j'avais de ne pas souffrir autant que maman. Car j'ai vu ce que fait la chimio, j'ai vu dans quel état elle l'avait rendu et en pensant à tout ça, la digue en papier que j'avais posé dans mes yeux venait de rompre. Mes larmes coulent et je lâche un sanglot. Le Dr. P. me regarde peinée mais visiblement elle n'a pas fini de me parler.

- Mademoiselle, il faut je vous prévienne quand à vos projets de grossesses... la chimiothérapie peut causer un dysfonctionnement hormonal et déclencher une ménopause précoce.
Je la laisse continuer car elle essaye de prendre des pincettes pour ne pas que je m’effondre mais à coté de ça elle a encore des choses pas très drôles à m'annoncer.
Vous n'aurez plus vos règles et il se peut que ça dure un long moment, !BOUMM!. Parfois chez certaines femmes, les règles reviennent au bout de quelques mois ou quelques années. Ça dépend, c'est assez aléatoire.

- Donc je ne vais plus les avoir du tout ? je suis pétrifié. D'ordinaire, quand les anglais débarquent je ne suis pas très chaleureuse avec eux, mais de là à ne plus jamais les recevoir NON, je ne m'y attendais pas.

- Je tiens à vous donner toutes ces informations pour que vous vous prépariez, mais rien ne dit que vous n'allez plus les avoir du tout. Chaque femme est différente. Je vous donne tous les risques susceptibles d'arriver avec ce genre de traitement.

Je veux avoir des enfants... et ça depuis toujours. Je n'en suis pas gaga ça c'est sûr et je ne voulais pas une équipe de foot mais de là à ne pas en avoir du tout...
C'est tellement étrange de voir comment son comportement peut changer quand on apprend qu'il nous sera peut-être impossible de faire ce pour quoi nous sommes crées. Trop triste pour philosopher, sur le coup j'ai pleuré comme une gamine !

Ces annonces ont eu l'effet de plusieurs bombes cachées dans des poupées russes, crescendo je me les prenais en pleine face... et ça fait mal, très mal quand l'espoir n'est plus. Je n'ai pas su gérer ces informations, mon cerveau a fait bug général ! le mois dernier tout aller bien, j'avais ma petite vie, mon travail, la santé et j'étais très heureuse. Mais la vie est ainsi faite, il faut s'acclimater des malheurs qu'elle nous offre. C'est uniquement en pensant ainsi et à ma famille que je me suis reprise pour faire face à l'opération du 19 décembre.

lundi 5 mai 2014

Le diagnostique

Une bonne semaine est passée et nous sommes déjà en décembre...

Il y a des nœuds dans mon ventre mais aussi dans ma tête car je commence à sombrer dans le coté obscur de l'angoisse. Mon cœur bat plus vite que d'habitude et j'essaye tant bien que mal de me calmer.

J'ai contacté le laboratoire au moins 2 fois cette semaine pour savoir si les résultats de la biopsie étaient arrivés et à chaque fois on me disait que non. J'ai pris mon mal en patience car cette semaine m'a paru interminable, une torture pour l’esprit.
Maintenant, je suis plus calme mais j'attends que le Dr André me rappelle comme me l'a demandé la secrétaire que j'avais eu dernièrement au téléphone. Bien, je vais attendre en pensant à autre chose.
J'allume ma xbox et je commence à consoler sur mon jeu favoris du moment Gears of war 3, un jeu bourrin avec des gros bras made in US qui raflent tout sur leur passage. A coups de Lanzor (une arme redoutable) et de fusil à pompe je me déchaîne sur cette armée de Locustes venus envahir la Terre.
Ça me fait du bien et j'arrive à oublier l'appel de ma vie, le plus important depuis longtemps. Je suis posé sur mon confortable lit et je joue comme si rien n'importait.

Mon téléphone sonne, je décroche au bout de la deuxième sonnerie c'est le Dr André.

- Bonjour.

- Bonjour docteur.
Mon cœur va sortir de ma poitrine.

- Nous avons reçu vos résultats, il va falloir venir au laboratoire. Pouvez-vous vous libérer tout de suite ?
Le ton de sa voix est neutre, il ne laisse rien paraître comme à son habitude.
Je ne cherche même pas à lui demander les résultats par téléphone car je sais que ça ne sens pas bon. Si c'était bénin, il me l'aurait dit au téléphone, donc je prends un manteau, me regarde dans le miroir et fais quelques retouches à mon maquillage. Malgré tout, je ne veux pas me laisser aller, pas maintenant.

Il est presque 11h30 quand j'arrive au labo, la salle d'attente est blindée ! J'attends à peine 10 minutes debout devant toutes ces personnes. Le Dr André ouvre une dés portes au rez de chaussée et appelle mon nom. J'avance vers lui, le cœur entre mes mains pour ne pas qu'il s'affale par terre devant tant de monde. Il ferme la porte derrière nous et me salue, il est moins coincé mais plus direct.

- Mademoiselle, vos prélèvements démontrent bien que le nodule que nous avons découvert présente un aspect d'ADÉNOCARCINOME CANALAIRE INFILTRANT DE GRADE 2*.
Mon visage se crispe, je sens mes larmes montées comme une crue éclaire.
Je craque et fond en larme sans bruit car je suis fatigué mentalement, comme si mon cerveau s'était éteint un moment. J'ai un cancer...

* Les grades d'un cancer du sein
3 critères sont évalués :
- L'apparence des cellules cancéreuses (ou architecture cellulaire)
- La forme du noyau
- Le nombre de cellules en division (ou activité mitotique)

Chacun de ces 3 critères est évalué et une note allant de 1 à 3 lui est attribuée :
De manière générale :
  • Le grade I correspond aux tumeurs les moins agressives ;
  • Le grade III correspond aux tumeurs les plus agressives ;
  • Le grade II est un grade intermédiaire entre les grades 1 et 3.

Le médecin me regarde sans bouger, il ne dit pas un mot le temps que je puisse enfin lui répondre. Mais je ne sais pas quoi dire, je suis si jeune... je ne bois pas, je ne fume pas, je fais attention à mon alimentation... je ne fais pas beaucoup d'exercice certes, mais c'est pas quand même le manque d'activité physique qui me vaut se foutu cancer ! Des tas d'idées incongrues me passent par la tête, je m'embrouille et je me fais de films.
Dr André, essaye de me parler et me dit que le Dr P. la gentille chirurgienne, s'occupera bien de moi et que je ne ferais peut-être que de la radiothérapie car mon cancer n'est pas très développé. Je l'écoute et j'essaye de me calmer sans pour autant sécher mes larmes qui ne cessent pas. Je quitte son bureau, je ravale un sanglot juste avant de passer par la salle d'attente bondée pour m'enfuir. Malgré tout, les gens me regarde car mes yeux sont gonflés et tout rouge, je le remarque même si mon esprit est ailleurs.

Je regagne ma voiture, je m'enferme et j'essaye de respirer lentement pour me calmer mais rien y fait, je craque à nouveau. Des larmes et encore des larmes qui ne s’arrêtent plus, les vannes sont ouvertes attention à l'inondation !

Arrivée à la maison, je ne passe pas par 4 chemins. Ma famille voit dans quel état je suis et ils comprennent tous la triste nouvelle que je vais leur annoncer. Ma mère lâche un sanglot qui me brise le cœur, la suit ma sœur très sensible qui ne peut vraisemblablement plus se retenir. Mes frères sont abasourdis, ils ne comprennent pas vraiment ce qui se passe, après leur mère voici que la plus jeune de la famille tombe malade à son tour. Ils sont tous anéantis.

Je reste à peu prés 10 minutes pour leur expliquer et leur donner la feuille avec les résultats de la biopsie puis je monte dans ma chambre.
Mon reflet dans le miroir fait peur, je suis toute rouge et me yeux sont gonflés, tellement gonflés. Cette image de moi ne fait qu'alimenter mes larmes qui ne perdent pas de leur intensité.

Ma sœur et ma mère me rejoigne 30 minutes plus tard. Elles se posent sur mon lit à coté de moi, elles essayent de me rassurer mais bientôt j'ai l'impression que c'est moi qui doit les rassurer car je commence à me faire lentement à cette nouvelle.

J'ai pleuré pendant 3 jours à peu prés, puis je me suis habitué à l'idée d'avoir un cancer, en tout cas c'est ce que je croyais car sur le moment je pensais pouvoir affronter cette nouvelle. Mais le cancer est pour ma part une suite d'obstacles qui semblent infranchissables et j'ai sans cesse l'exemple de ma mère pour me rappeler à quel point il est difficile de vivre cette maladie.

dimanche 4 mai 2014

La découverte

Novembre 2013, un jour comme un autre...

Je prends ma douche tranquillement, jusque là rien d'anormal. Mais lorsque que je tâte mon sein droit je découvre sur le coté tout prés de mon aisselle une petite masse. Elle est petite, mais tout de suite je fronce les sourcils.
L'image qui m'apparaît à ce moment là et celle de ma mère. Serais-ce possible qu'il m'arrive la même chose que maman ? en effet, les médecins on découvert un cancer du sein chez ma mère en avril 2013 de grade 3 (on reparlera des grades..).
C'était une période très difficile pour ma famille et moi. Très vite, elle a été prise en charge en dehors de la Picardie notre belle région , pour suivre ses traitements aussi rapidement que la tumeur grossissait. C'était invraisemblable à quelle vitesse celle-ci grandissait et à  la vue de cette masse de la taille d'un œuf je ne pouvais retenir mes larmes... mais toujours loin des yeux de ma mère.

Du coup, en touchant la petite boule dans ma peau je n'ai pas pensé à un kyste car je n'en avais jamais eu, mais à quelque chose de beaucoup plus grave.
J'essaye donc de prendre un rendez-vous le plus vite possible auprès de mon médecin pour faire une écho et une mammo. Quand j'en parle à une de mes amies F. , elle me rétorque l'air un peu étonné qu'elle avait prit 2 rendez-vous auprès de 2 laboratoires d'imagerie médicale différents car elle pensait avoir un empêchement pour le premier et qu'elle n'avait pas eu le temps d'annuler.
Tout en m'expliquant qu'elle pouvait me filer un dés rdv, on discute de ma petite bille logée dans mon sein. Apparemment, j'étais un peu trop centré sur mon problème car au fil de la discussion F. me rappelle qu'elle m'avait signalé il y a 1 semaine de cela qu'elle avait découvert une masse beaucoup plus grosse que la mienne dans son sein gauche. A dire vrai, je ne m'étais pas préoccupé de ce qu'elle m'avait dit car je l'avait rassuré en lui disant tranquillement que ce ne serait qu'un Kyste. Mais la vérité et qu'il évident que son problème ne m'avait pas affecté plus que ça car il ne me concernait pas.

Le 28 novembre 2013, j'avais prévenu ma boss que je serais absente au maximum 2h le matin pour faire des examens de ma petite bille. Elle m'a laissé me rendre à mon rendez-vous sans problème alors qu'on était en période de rush intense, les 2 mois les plus chargés de l'année : novembre et décembre !
Je me rends à mon rdv, je suis plutôt calme car je n'ai jamais fait d’écho ni de mammo et je me dis qu'on verra bien le moment venu.
J'attends un certain temps, le laboratoire est très propre et le personnel est très neutre. Je monte à l'étage et on m'attribue le Dr André. J'attends encore en voyant défiler toutes ces personnes. Une infirmière m'appelle enfin, j'entre dans une toute petite pièce où elle me demande de me mettre torse nu. J'attends encore, mais là j'ai un peu froid... je recouvre ma poitrine avec mon pull en laine rouge et l’infirmière apparaît de nouveau de l'autre coté de la minuscule pièce.

- Entrez je vous prie.

Elle est jeune et souriante, je lui rends son sourire mais pas pour très longtemps. Lorsque j'aperçois l’énorme machine devant moi, je me dis qu'il est temps de s'inquiéter un tout petit peu. Car à ce moment là, je me souviens que ma sœur et ma mère m'avaient raconté brièvement que la mammographie n'était pas douloureuse mais que les seins étaient malmenés, écrasés, aplatis et j'en passe ! mais surtout que cette appareil projetait des rayons x susceptibles d'être dangereux. Donc, évidement la combinaison de tout ça ne me mettait franchement pas à l'aise.

Malgré tout, j'ai réalisé l’examen calmement en pensant à quelque chose d'agréable comme la plage que je n'ai pas vu depuis plus d'un an...
Après avoir vu mes nénés écrasés dans tous les sens (ce n'est pas vraiment douloureux mais très désagréable), l'infirmière au sourire sympa me demande de regagner le mini box où je me suis changé mais de ne pas me rhabiller. Je m'assois sur la chaise et je me regarde dans le miroir en face de moi pendant au moins 15 min, le temps de scruter mes petites cernes. L'infirmière revient et m'informe que les examens ne sont pas concluants et qu'il va falloir les refaire. Ah bon ?! je me dis dans mon fort intérieur pour ne pas stresser que, peut-être une dose supplémentaire de rayons x me transformera en XMEN ! mon rêve le plus cher mais inavoué...

Ok on blague plus! mes nénés sont encore une fois tordus et écrasés dans tous les sens. Je prends mon mal en patience en pensant de nouveau à cette belle plage de Sousse au sable blanc et l'eau  qui ruisselle sur mon corps... juste le temps de piquer une tête que l'infirmière souriante arrête la machine en me demandant de regagner mon box. Mais je lui demande quand même.

- Pourquoi les premières images ne sont pas bonnes ? elle me regarde gentiment.

- Et bien le médecin n'arrive pas bien les lire, les images ne sont pas assez nettes.

- Ok merci. Je retourne encore une fois dans mon box et j'attends encore... je pense à ma famille, à mon fiancé, à mes copines qui n’arrêtent pas de m'envoyer des messages. Ils sont inquiets, ça me rassure de les savoir aussi concernés, mais sa me rend triste aussi.

L’infirmière revient, je m'étais déjà rhabillé. Elle me guide vers une autre pièce qui semble être le bureau du Dr André. Elle me souhaite une bonne journée et s’éclipse.

- Bonjour mademoiselle. Je lui serre la main et le regarde. Il est grand, la quarantaine. Il semble assez distant et son visage est fermé.

- Bonjour. Ma bouche est sèche, j'ai peur cette fois. J'arrive à maîtriser cette peur, mais je ne sais pas pour combien de temps.

- J'ai analysé vos images et il y a bien quelque chose, un nodule dans votre sein droit qui mesure environ 120 mm.
Ok ça je le savais déjà ! mais lorsqu'il commence à détailler la composition de celle-ci en classant mon nodule en ACR4* , je comprends petit à petit que ce n'est pas un kyste. Il me propose donc de faire une échographie pour analyser davantage ma bille. Bien, jusque là je pense que toutes les femmes qui procèdent à un dépistage suivent ce protocole. Ma sœur a réalisé les mêmes examens. Je me détends un peu plus et je m'allonge sur la table d'examens.

* Tableau de classification ACR

- Je vais vous déposer un gel, ça va être un peu froid. M'annonce le médecin, ok si ce n'est que ça ! Il fait donc rouler son appareil le long de mon sein et dans tous les sens même, en insistant particulièrement sur ma bille. Il procède à la même chose mais plus légèrement sur mon sein gauche tout en prenant des clichés. Il s’arrête et touche ma bille et ses contours avec ses doigts, je le regarde faire et s'est désagréable. Sentir un corps plus ou moins étranger en soi c'est pas le top des sensations, parfois rien que de la regarder et de la toucher c’était quelque peu douloureux. Mon esprit et mon imagination je crois, car bien avant que je ne l'a remarque, je n'avais ressenti aucune douleur.

Je reste sur la table d'examen, il me regarde sans rien laisser paraître. Mais j'avais ressenti un petit changement de comportement de notre docteur. Juste après l'écho, il s'était précipité sur mon sein gauche pour prendre d'autres clichés et sa manière de me parler était plus douce.

- Mademoiselle, cette masse ne reflète pas les caractéristique d'un kyste...
Il continue de me parler de ma bille avec un jargon médical que je ne maîtrise pas totalement. Il me dit qu'il doit absolument procéder à une biopsie pour savoir exactement de quoi est composé ma bille.
Mon esprit freine et je ne l'écoute plus car je sais exactement ce que c'est une biopsie. J'ai accompagné ma mère pour la sienne et ça ne s’était pas très bien passé, c'était assez douloureux.
Ma peur regagne du terrain et cette fois j'ai beaucoup plus de mal à la maîtriser. Calmement et sans bruit de grosses larmes roulent le long de mes joues. Le médecin me regarde avec compassion.

- Je vous comprends, avec ce qui est arrivé à votre mère. Mais ça va aller, nous allons faire la biopsie pour être certain des résultats et vous prendre en charge au plus vite. Nous ne savons pas encore ce que s'est vraiment, ne vous inquiétez pas.

Il s’est vraiment adoucit, mais un air inquiet s’est dessiné sur son visage. Il me laisse pleurer pendant 1 minute et commence son intervention.
Il m'explique  donc qu'il va devoir anesthésier la zone de prélèvement c'est à dire mon sein droit. Il me fait une première injection et attend un peu. Il s'équipe pour le prélèvement et je n'ose pas le regarder, c'est ma technique pour ne pas trop avoir mal. Je ne regarde jamais, toute intervention avec une aiguille : prise de sang, anesthésie ou autre BIOPSIE... donc il m'explique tranquillement qu'il va faire 3 prélèvements de ma bille. Si petite, mais coriace, elle m'en fait baver pour l'instant car le premier prélèvement est piquant c'est le cas de le dire, au CLAC ! qu'on entend assez fort, j'ai très mal.
Dr André semble confus, il m'injecte une autre dose d'anesthésiant et m'assure que cette fois ci je ne sentirai rien. Il a raison, le 2 derniers prélèvement sont indolores et j'en suis contente, à chaque  prélèvement je me rassure tout en pleurant. Il faut que j'évacue ce trop plein de stresse qui pèse en moi depuis quelques jours.

- Bien, vous allez garder ce pansement toute la journée, vous pourrez l'enlever demain. Pour ne pas perdre de temps je vous ai pris rendez-vous avec un confrère le Dr P. , c'est une femme, elle est jeune et dynamique. C'est une chirurgienne et gynécologue, dans tous les cas il faudra retirer cette masse par une intervention chirurgicale. Donc le rendez-vous est à 12h15, elle vous attend à la Clinique V.P.

Je regarde ma montre, il est 12h. Je ne comprends pas, c'est si urgent que ça ?! En fait, je comprends très bien... même si le Dr André ne veut pas s'avancer sur le diagnostique, je suis certaine qu'il est sûr du résultat. Il me souhaite bon courage.
Je sors du laboratoire les yeux rouge, les gens me regardent et je cours m'isoler dans ma voiture. Je fond en larmes et cette fois je pleure comme une gamine. Mon téléphone n'arrête pas de sonner, je décroche, c'est mon fiancé.

- Alors ça s'est bien passé ? sa voix est douce et je sens son inquiétude. Je ne peux pas retenir mes larmes car je suis tétanisé. Je lui explique ce que le médecin m'a dit et lui disant que je dois me rendre à la clinique pour un rdv avec un chirurgien. Je lui dis que c'est bizarre qu'il m'envoie aussi vite vers un chirurgien et qu'il y a quelque chose qui ne va pas.

Mon fiancé me rassure en me disant que tout va bien aller et qu'il faut attendre les résultats de la biopsie pour être sûr. J'ai un double appel, ma sœur. Je dis au revoir à mon fiancé et prend l'appel, même cinéma je raconte tout à ma soeur sans avoir démarré la voiture, je regarde ma montre et j'étais en retard... évidement. Ma soeur garde son calme, me rassure comme elle peut et m'encourage pour que j'arrête de pleurer. Ça marche, je mets le contact et je branche mon kit main libre, je file à l'autre bout de la ville pour mon rdv. J'ai un double appel ma copine F. , je dis au revoir à ma soeur et prend l'appel. F. est inquiète aussi, elle essaye aussi de me rassurer. On parle un peu, mais juste le temps de reprendre mes esprits, je décide de prévenir ma boss pour ne pas qu'elle s'inquiète.

- Bonjour I. , je sors de mon rdv.

- Bonjour, comment ça s'est passé ?

- ... pas très bien, j'ai fait une mammo et une écho. J'ai également dû faire une biopsie afin de savoir exactement ce que s'est... des larmes roulent sur mes joues, sans un bruit je continue de lui expliquer.

- Ah... et bien c'est ce qu'il faut faire.

- I. je ne pourrais pas venir aujourd'hui, j'ai rendez-vous auprès d'un chirurgien tout de suite et je ne me sens pas bien.

- Vous... vous m'abandonnez donc ?!
Me dit-elle d'un ton calme mais surpris. Je suis un peu déstabilisé par sa réponse.

- Désolé I. mais je ne suis pas en mesure d'aller au bureau aujourd'hui, je vous fait parvenir mon arrêt aussi rapidement que possible.

- Ah, donc vous ne venez pas cet après-midi ?
Euh... là je reste un peu sans voix, car je m'attendais à une autre réaction de sa part, un peu plus emphatique je dirais.

- Malheureusement je ne pourrais pas désolé.
Ma voix était décomposée et si elle avait vu ma tête, peut-être qu'elle aurait compris. Mais bon, je n'ai vraiment pas le temps de me prendre la tête avec la réaction inattendue de ma boss. J'avais juste espéré un peu plus de soutien et de compréhension.

Enfin, j'arrive à la clinique et j'ai un mal de chien à me garer tant les places sont rares. 
Je mets bien 15 minutes à trouver une place et je file vers le bureau du Dr P. , sa secrétaire me reçoit et me demande de patienter. Ça je sais faire ! à vrai dire plus j'attends et plus je me calme, car faut se rendre à l'évidence je ne vais pas pleurer toute la journée alors que je n'ai aucun résultat certain.
Le docteur arrive, elle est grande et plutôt jeune, la trentaine. Son visage est apaisant et elle a une certaine bonhomie qui me rassure. On entre dans son bureau.

- Bonjour mademoiselle. Elle voit mes yeux rouge, elle me parle doucement tout en gardant ce sourire qui me rassure un peu plus.

- Bonjour.

- J'ai eu le Dr André au téléphone et il m'a expliqué votre cas ainsi que son analyse des images qu'il a tiré. Nous allons examiner votre sein si ça ne vous dérange pas.

Non ça ne me dérange pas, s'il faut juste montrer mes nénés !
Elle est très douce, elle palpe mon sein droit avec précaution suite à la biopsie toute fraîche. Elle ne peu malheureusement pas toucher ma petite bille vue qu'elle est recouverte du pansement. Elle palpe aussi mon sein gauche... au cas où.

- Bon, je n'ai pas pu la toucher mais ce n'est pas grave, nous allons attendre les résultats de votre biopsie. Le Dr André me transmettra les résultats, ainsi nous pourrons décider de la marche à suivre.
Si c'est un cancer et j’espère que non, il faudra enlever la masse le plus vite possible et si ce n'est qu'un kyste nous l’enlèverons quand même mais le mois prochain, c'est moins urgent.

Je la regarde avec un tout petit peu d'espoir, mais lorsqu'elle a prononcé le mot cancer, je n'ai pu retenir les quelques larmes qui se sont évadées de mes yeux.. Je me retenais de pleurer, car je voulais sortir de ce rdv un peu plus éclairée.

- Ne vous inquiétez pas, il est vraiment rare qu'un cancer soit diagnostiqué à votre âge. Quand bien même, je vous assure que nous allons vous chouchouter et prendre soin de vous.

Ces petits mots m'ont fait du bien, dans la perspective d'avoir réellement un cancer autant être chouchouté que martyrisé à coups de scalpel... en fait je crois qu'on peut combiner les 2.

On prend un prochain rendez-vous 3 jours après les résultats de la biopsie qui durent à peu prés une bonne semaine. Je quitte la clinique le cœur lourd, ma mère m'appelle, je pense à ce que je vais pouvoir lui dire... se décroche.

- Bonjour maman.

- Comment vas-tu ma chérie ? ton rendez vous s'est bien passé ? elle à l'air un peu angoissée. Je décide de ne rien lui annoncer au téléphone et lui dis que j'arrive dans 10 minutes à la maison.

Il est difficile de retranscrire tout ce qui m'est passé par la tête ce jour là, mais je me souviens avoir énormément pleuré. Quand je suis rentré à la maison, j'ai essayé de faire bonne figure pour ne pas effrayé ma maman ainsi que ma famille. Mais l'angoisse du cancer pesait trop lourd en moi et je n'ai pas pu me retenir comme je le voulais. Ma mère était blême, elle tentée de me rassurer mais je voyais bien dans ses yeux l'angoisse, celle que sa fille puisse vivre ce qu'elle avait vécu il y a quelques mois.