Novembre 2013, un jour comme un autre...
Je prends ma douche tranquillement, jusque là rien d'anormal. Mais lorsque que je tâte mon sein droit je découvre sur le coté tout prés de mon aisselle une petite masse. Elle est petite, mais tout de suite je fronce les sourcils.
L'image qui m'apparaît à ce moment là et celle de ma mère. Serais-ce possible qu'il m'arrive la même chose que maman ? en effet, les médecins on découvert un cancer du sein chez ma mère en avril 2013 de grade 3 (on reparlera des grades..).
C'était une période très difficile pour ma famille et moi. Très vite, elle a été prise en charge en dehors de la Picardie notre belle région , pour suivre ses traitements aussi rapidement que la tumeur grossissait. C'était invraisemblable à quelle vitesse celle-ci grandissait et à la vue de cette masse de la taille d'un œuf je ne pouvais retenir mes larmes... mais toujours loin des yeux de ma mère.
Du coup, en touchant la petite boule dans ma peau je n'ai pas pensé à un kyste car je n'en avais jamais eu, mais à quelque chose de beaucoup plus grave.
J'essaye donc de prendre un rendez-vous le plus vite possible auprès de mon médecin pour faire une écho et une mammo. Quand j'en parle à une de mes amies F. , elle me rétorque l'air un peu étonné qu'elle avait prit 2 rendez-vous auprès de 2 laboratoires d'imagerie médicale différents car elle pensait avoir un empêchement pour le premier et qu'elle n'avait pas eu le temps d'annuler.
Tout en m'expliquant qu'elle pouvait me filer un dés rdv, on discute de ma petite bille logée dans mon sein. Apparemment, j'étais un peu trop centré sur mon problème car au fil de la discussion F. me rappelle qu'elle m'avait signalé il y a 1 semaine de cela qu'elle avait découvert une masse beaucoup plus grosse que la mienne dans son sein gauche. A dire vrai, je ne m'étais pas préoccupé de ce qu'elle m'avait dit car je l'avait rassuré en lui disant tranquillement que ce ne serait qu'un Kyste. Mais la vérité et qu'il évident que son problème ne m'avait pas affecté plus que ça car il ne me concernait pas.
Le 28 novembre 2013, j'avais prévenu ma boss que je serais absente au maximum 2h le matin pour faire des examens de ma petite bille. Elle m'a laissé me rendre à mon rendez-vous sans problème alors qu'on était en période de rush intense, les 2 mois les plus chargés de l'année : novembre et décembre !
Je me rends à mon rdv, je suis plutôt calme car je n'ai jamais fait d’écho ni de mammo et je me dis qu'on verra bien le moment venu.
J'attends un certain temps, le laboratoire est très propre et le personnel est très neutre. Je monte à l'étage et on m'attribue le Dr André. J'attends encore en voyant défiler toutes ces personnes. Une infirmière m'appelle enfin, j'entre dans une toute petite pièce où elle me demande de me mettre torse nu. J'attends encore, mais là j'ai un peu froid... je recouvre ma poitrine avec mon pull en laine rouge et l’infirmière apparaît de nouveau de l'autre coté de la minuscule pièce.
- Entrez je vous prie.
Elle est jeune et souriante, je lui rends son sourire mais pas pour très longtemps. Lorsque j'aperçois l’énorme machine devant moi, je me dis qu'il est temps de s'inquiéter un tout petit peu. Car à ce moment là, je me souviens que ma sœur et ma mère m'avaient raconté brièvement que la mammographie n'était pas douloureuse mais que les seins étaient malmenés, écrasés, aplatis et j'en passe ! mais surtout que cette appareil projetait des rayons x susceptibles d'être dangereux. Donc, évidement la combinaison de tout ça ne me mettait franchement pas à l'aise.

Malgré tout, j'ai réalisé l’examen calmement en pensant à quelque chose d'agréable comme la plage que je n'ai pas vu depuis plus d'un an...
Après avoir vu mes nénés écrasés dans tous les sens (ce n'est pas vraiment douloureux mais très désagréable), l'infirmière au sourire sympa me demande de regagner le mini box où je me suis changé mais de ne pas me rhabiller. Je m'assois sur la chaise et je me regarde dans le miroir en face de moi pendant au moins 15 min, le temps de scruter mes petites cernes. L'infirmière revient et m'informe que les examens ne sont pas concluants et qu'il va falloir les refaire. Ah bon ?! je me dis dans mon fort intérieur pour ne pas stresser que, peut-être une dose supplémentaire de rayons x me transformera en XMEN ! mon rêve le plus cher mais inavoué...
Ok on blague plus! mes nénés sont encore une fois tordus et écrasés dans tous les sens. Je prends mon mal en patience en pensant de nouveau à cette belle plage de Sousse au sable blanc et l'eau qui ruisselle sur mon corps... juste le temps de piquer une tête que l'infirmière souriante arrête la machine en me demandant de regagner mon box. Mais je lui demande quand même.
- Pourquoi les premières images ne sont pas bonnes ? elle me regarde gentiment.
- Et bien le médecin n'arrive pas bien les lire, les images ne sont pas assez nettes.
- Ok merci. Je retourne encore une fois dans mon box et j'attends encore... je pense à ma famille, à mon fiancé, à mes copines qui n’arrêtent pas de m'envoyer des messages. Ils sont inquiets, ça me rassure de les savoir aussi concernés, mais sa me rend triste aussi.
L’infirmière revient, je m'étais déjà rhabillé. Elle me guide vers une autre pièce qui semble être le bureau du Dr André. Elle me souhaite une bonne journée et s’éclipse.
- Bonjour mademoiselle. Je lui serre la main et le regarde. Il est grand, la quarantaine. Il semble assez distant et son visage est fermé.
- Bonjour. Ma bouche est sèche, j'ai peur cette fois. J'arrive à maîtriser cette peur, mais je ne sais pas pour combien de temps.
- J'ai analysé vos images et il y a bien quelque chose, un nodule dans votre sein droit qui mesure environ 120 mm.
Ok ça je le savais déjà ! mais lorsqu'il commence à détailler la composition de celle-ci en classant mon nodule en ACR4* , je comprends petit à petit que ce n'est pas un kyste. Il me propose donc de faire une échographie pour analyser davantage ma bille. Bien, jusque là je pense que toutes les femmes qui procèdent à un dépistage suivent ce protocole. Ma sœur a réalisé les mêmes examens. Je me détends un peu plus et je m'allonge sur la table d'examens.
* Tableau de classification ACR
- Je vais vous déposer un gel, ça va être un peu froid. M'annonce le médecin, ok si ce n'est que ça ! Il fait donc rouler son appareil le long de mon sein et dans tous les sens même, en insistant particulièrement sur ma bille. Il procède à la même chose mais plus légèrement sur mon sein gauche tout en prenant des clichés. Il s’arrête et touche ma bille et ses contours avec ses doigts, je le regarde faire et s'est désagréable. Sentir un corps plus ou moins étranger en soi c'est pas le top des sensations, parfois rien que de la regarder et de la toucher c’était quelque peu douloureux. Mon esprit et mon imagination je crois, car bien avant que je ne l'a remarque, je n'avais ressenti aucune douleur.
Je reste sur la table d'examen, il me regarde sans rien laisser paraître. Mais j'avais ressenti un petit changement de comportement de notre docteur. Juste après l'écho, il s'était précipité sur mon sein gauche pour prendre d'autres clichés et sa manière de me parler était plus douce.
- Mademoiselle, cette masse ne reflète pas les caractéristique d'un kyste...
Il continue de me parler de ma bille avec un jargon médical que je ne maîtrise pas totalement. Il me dit qu'il doit absolument procéder à une biopsie pour savoir exactement de quoi est composé ma bille.
Mon esprit freine et je ne l'écoute plus car je sais exactement ce que c'est une biopsie. J'ai accompagné ma mère pour la sienne et ça ne s’était pas très bien passé, c'était assez douloureux.
Ma peur regagne du terrain et cette fois j'ai beaucoup plus de mal à la maîtriser. Calmement et sans bruit de grosses larmes roulent le long de mes joues. Le médecin me regarde avec compassion.
- Je vous comprends, avec ce qui est arrivé à votre mère. Mais ça va aller, nous allons faire la biopsie pour être certain des résultats et vous prendre en charge au plus vite. Nous ne savons pas encore ce que s'est vraiment, ne vous inquiétez pas.
Il s’est vraiment adoucit, mais un air inquiet s’est dessiné sur son visage. Il me laisse pleurer pendant 1 minute et commence son intervention.
Il m'explique donc qu'il va devoir anesthésier la zone de prélèvement c'est à dire mon sein droit. Il me fait une première injection et attend un peu. Il s'équipe pour le prélèvement et je n'ose pas le regarder, c'est ma technique pour ne pas trop avoir mal. Je ne regarde jamais, toute intervention avec une aiguille : prise de sang, anesthésie ou autre BIOPSIE... donc il m'explique tranquillement qu'il va faire 3 prélèvements de ma bille. Si petite, mais coriace, elle m'en fait baver pour l'instant car le premier prélèvement est piquant c'est le cas de le dire, au CLAC ! qu'on entend assez fort, j'ai très mal.
Dr André semble confus, il m'injecte une autre dose d'anesthésiant et m'assure que cette fois ci je ne sentirai rien. Il a raison, le 2 derniers prélèvement sont indolores et j'en suis contente, à chaque prélèvement je me rassure tout en pleurant. Il faut que j'évacue ce trop plein de stresse qui pèse en moi depuis quelques jours.
- Bien, vous allez garder ce pansement toute la journée, vous pourrez l'enlever demain. Pour ne pas perdre de temps je vous ai pris rendez-vous avec un confrère le Dr P. , c'est une femme, elle est jeune et dynamique. C'est une chirurgienne et gynécologue, dans tous les cas il faudra retirer cette masse par une intervention chirurgicale. Donc le rendez-vous est à 12h15, elle vous attend à la Clinique V.P.
Je regarde ma montre, il est 12h. Je ne comprends pas, c'est si urgent que ça ?! En fait, je comprends très bien... même si le Dr André ne veut pas s'avancer sur le diagnostique, je suis certaine qu'il est sûr du résultat. Il me souhaite bon courage.
Je sors du laboratoire les yeux rouge, les gens me regardent et je cours m'isoler dans ma voiture. Je fond en larmes et cette fois je pleure comme une gamine. Mon téléphone n'arrête pas de sonner, je décroche, c'est mon fiancé.
- Alors ça s'est bien passé ? sa voix est douce et je sens son inquiétude. Je ne peux pas retenir mes larmes car je suis tétanisé. Je lui explique ce que le médecin m'a dit et lui disant que je dois me rendre à la clinique pour un rdv avec un chirurgien. Je lui dis que c'est bizarre qu'il m'envoie aussi vite vers un chirurgien et qu'il y a quelque chose qui ne va pas.
Mon fiancé me rassure en me disant que tout va bien aller et qu'il faut attendre les résultats de la biopsie pour être sûr. J'ai un double appel, ma sœur. Je dis au revoir à mon fiancé et prend l'appel, même cinéma je raconte tout à ma soeur sans avoir démarré la voiture, je regarde ma montre et j'étais en retard... évidement. Ma soeur garde son calme, me rassure comme elle peut et m'encourage pour que j'arrête de pleurer. Ça marche, je mets le contact et je branche mon kit main libre, je file à l'autre bout de la ville pour mon rdv. J'ai un double appel ma copine F. , je dis au revoir à ma soeur et prend l'appel. F. est inquiète aussi, elle essaye aussi de me rassurer. On parle un peu, mais juste le temps de reprendre mes esprits, je décide de prévenir ma boss pour ne pas qu'elle s'inquiète.
- Bonjour I. , je sors de mon rdv.
- Bonjour, comment ça s'est passé ?
- ... pas très bien, j'ai fait une mammo et une écho. J'ai également dû faire une biopsie afin de savoir exactement ce que s'est... des larmes roulent sur mes joues, sans un bruit je continue de lui expliquer.
- Ah... et bien c'est ce qu'il faut faire.
- I. je ne pourrais pas venir aujourd'hui, j'ai rendez-vous auprès d'un chirurgien tout de suite et je ne me sens pas bien.
- Vous... vous m'abandonnez donc ?!
Me dit-elle d'un ton calme mais surpris. Je suis un peu déstabilisé par sa réponse.
- Désolé I. mais je ne suis pas en mesure d'aller au bureau aujourd'hui, je vous fait parvenir mon arrêt aussi rapidement que possible.
- Ah, donc vous ne venez pas cet après-midi ?
Euh... là je reste un peu sans voix, car je m'attendais à une autre réaction de sa part, un peu plus emphatique je dirais.
- Malheureusement je ne pourrais pas désolé.
Ma voix était décomposée et si elle avait vu ma tête, peut-être qu'elle aurait compris. Mais bon, je n'ai vraiment pas le temps de me prendre la tête avec la réaction inattendue de ma boss. J'avais juste espéré un peu plus de soutien et de compréhension.
Enfin, j'arrive à la clinique et j'ai un mal de chien à me garer tant les places sont rares.
Je mets bien 15 minutes à trouver une place et je file vers le bureau du Dr P. , sa secrétaire me reçoit et me demande de patienter. Ça je sais faire ! à vrai dire plus j'attends et plus je me calme, car faut se rendre à l'évidence je ne vais pas pleurer toute la journée alors que je n'ai aucun résultat certain.
Le docteur arrive, elle est grande et plutôt jeune, la trentaine. Son visage est apaisant et elle a une certaine bonhomie qui me rassure. On entre dans son bureau.
- Bonjour mademoiselle. Elle voit mes yeux rouge, elle me parle doucement tout en gardant ce sourire qui me rassure un peu plus.
- Bonjour.
- J'ai eu le Dr André au téléphone et il m'a expliqué votre cas ainsi que son analyse des images qu'il a tiré. Nous allons examiner votre sein si ça ne vous dérange pas.
Non ça ne me dérange pas, s'il faut juste montrer mes nénés !
Elle est très douce, elle palpe mon sein droit avec précaution suite à la biopsie toute fraîche. Elle ne peu malheureusement pas toucher ma petite bille vue qu'elle est recouverte du pansement. Elle palpe aussi mon sein gauche... au cas où.
- Bon, je n'ai pas pu la toucher mais ce n'est pas grave, nous allons attendre les résultats de votre biopsie. Le Dr André me transmettra les résultats, ainsi nous pourrons décider de la marche à suivre.
Si c'est un cancer et j’espère que non, il faudra enlever la masse le plus vite possible et si ce n'est qu'un kyste nous l’enlèverons quand même mais le mois prochain, c'est moins urgent.
Je la regarde avec un tout petit peu d'espoir, mais lorsqu'elle a prononcé le mot cancer, je n'ai pu retenir les quelques larmes qui se sont évadées de mes yeux.. Je me retenais de pleurer, car je voulais sortir de ce rdv un peu plus éclairée.
- Ne vous inquiétez pas, il est vraiment rare qu'un cancer soit diagnostiqué à votre âge. Quand bien même, je vous assure que nous allons vous chouchouter et prendre soin de vous.
Ces petits mots m'ont fait du bien, dans la perspective d'avoir réellement un cancer autant être chouchouté que martyrisé à coups de scalpel... en fait je crois qu'on peut combiner les 2.
On prend un prochain rendez-vous 3 jours après les résultats de la biopsie qui durent à peu prés une bonne semaine. Je quitte la clinique le cœur lourd, ma mère m'appelle, je pense à ce que je vais pouvoir lui dire... se décroche.
- Bonjour maman.
- Comment vas-tu ma chérie ? ton rendez vous s'est bien passé ? elle à l'air un peu angoissée. Je décide de ne rien lui annoncer au téléphone et lui dis que j'arrive dans 10 minutes à la maison.
Il est difficile de retranscrire tout ce qui m'est passé par la tête ce jour là, mais je me souviens avoir énormément pleuré. Quand je suis rentré à la maison, j'ai essayé de faire bonne figure pour ne pas effrayé ma maman ainsi que ma famille. Mais l'angoisse du cancer pesait trop lourd en moi et je n'ai pas pu me retenir comme je le voulais. Ma mère était blême, elle tentée de me rassurer mais je voyais bien dans ses yeux l'angoisse, celle que sa fille puisse vivre ce qu'elle avait vécu il y a quelques mois.